Manif au centre pénitentiaire Saint Aubin Routot

, par udfo76

Des surveillants dénoncent une insuffisance d’effectifs qui nuit à leur sécurité. Des négociations ont lieu.

Paris Notrmandie Publié le vendredi 15 avril 2011

A cet endroit, voilà la première manifestation d’ampleur. Environ cinquante

surveillants du centre pénitentiaire du Havre sont réunis ce jeudi matin, sur leur temps de repos, devant l’établissement de Saint-Aubin-Routot. Au rassemblement, à l’appel de l’Ufap (Union fédérale autonome pénitentiaire), se sont joints les syndicats FO et CGT. La principale revendication est une hausse des effectifs. Et notamment ceux des premiers surveillants, dont la mission est d’encadrer les équipes. « Depuis l’ouverture du centre (le 11 avril 2010), il manque six surveillants (au nombre actuel de 176) et sept premiers surveillants (ils sont dix-huit) », estiment les représentants de l’Ufap devant les portes de la prison, en comparant le centre du Havre au projet d’un établissement du même type, celui d’Annœullin, près de Lille. Avant la manifestation, des discussions ont déjà été entamées auprès des directions nationale et régionale, sur cette question. Un problème qui dégrade les conditions de travail et de sécu-rité selon les syndicalistes, alors même que « 117 des surveillants havrais débutent dans le métier », et que l’indiscipline et la violence s’accroissent chez les personnes en détention. « L’administration met en danger les personnels », prétend même Laurent Scassellati, délégué régional Ufap venu soutenir ses camarades havrais. « Les détenus voient bien qu’il y a moins de monde pour les surveiller, qu’il n’y a parfois pas de chef », ajoute l’un de ses collègues. Aussi les refus par les prisonniers de réintégrer leur cellule, après avoir pu s’en éloigner, seraient en hausse.

FO : « On a peur du drame » L’insuffisance de « gradés, censés réaliser les enquêtes de discipline » selon un représentant de FO, empêcherait aussi de faire aboutir dans un temps suffisamment court les dossiers voués à la commission de discipline des détenus, qui peuvent se traduire par des placements en quartier disciplinaire. « Six cents comptes rendus d’incident sont en attente de traitement », affirme l’Ufap. « Sanctionner un détenu six mois après les faits est peu efficace », ajoute un délégué FO. « Ici, comme à Liancourt, dans l’Oise, on a peur du drame », ajoute-t-il. « Pour les détenus, la situation n’est pas meilleure, même si cet établissement est moderne. Celui qui est en souffrance n’est pas forcément écouté par les surveillants. Car nous n’avons pas le temps », confient plusieurs agents. Présents aussi, quelques conseillers d’insertion et de probation (qui accompagne les détenus dans les démarches sociales préparant leur sortie), disent être en nombre insuffisant. « Et le manque d’effectif des surveillants met un frein à notre activité », martèle l’un d’eux, cégétiste. En fin de matinée, le directeur du centre, Gilles Capello, rencontre des syndicalistes. « Non autorisé à communiquer » sur le fond du dossier, il nous expliquera que « les discussions avancent bien » au niveau national. « Il semble que des créations de postes puissent être envisagées dans le cadre de la prochaine commission paritaire », ajoute-t-il.

A. R.